- émoulu
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1 ♦ Loc. (littér.) Se battre à fer émoulu, avec des armes affilées (et non mouchetées comme à l'ordinaire).2 ♦ (1548; métaph. de frais émoulu « qu'on vient d'aiguiser ») ÊTRE FRAIS, FRAÎCHE ÉMOULU(E) DE : récemment sorti(e) de (une école). Il est tout frais émoulu de Polytechnique. Elle est frais (ou fraîche) émoulue de l'E. N. A.émoulu, ueadj. Frais émoulu, fraîche émoulue: récemment sorti(e) (d'une école). Un jeune cadre frais émoulu d'H.E.C.⇒ÉMOULU, UE, part. passé et adj.I.— Part. passé de émoudre.II.— Emploi adj.A.— TECHNOL. Aiguisé à la meule. Ces choses, avec un sabre émoulu et deux fusils comme Robinson Crusoé, composaient tout son « obi » (BOREL, Champavert, 1833, p. 99).— P. métaph. Ici, maintenant, les javelots et les flèches de l'amour sont si cruels, si émoulus, qu'on n'ose même plus y toucher (LA VARENDE, Amours, 1944, p. 192).— Loc. À fer émoulu. Avec des lames aiguisées (dans un tournoi) :• 1. Seulement les travaux de Benvenuto, c'étaient des coups d'épée ou de stylet, des évasions du château Saint-Ange, des combats à fer émoulu pour le Rosso contre les disciples de Raphaël, des villes fortifiées, des colosses entrepris, des insolences au pape ou à la duchesse d'Étampes, ...HUGO, Le Rhin, 1842, p. 309.♦ P. métaph. Il en vint aux apostrophes véhémentes et ne ménagea pas les sarcasmes. (...) la plus violente des altercations éclata comme une tempête. Ce fut un tournoi à fer émoulu où les deux tenants firent merveille (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 100).B.— Au fig., cour., loc. [En parlant d'une pers.] Être frais émoulu de. Être récemment sorti de. Frais émoulu de la Sorbonne; fraîche émoulue du couvent. Pendant les beaux jours, de grands bourgeois frais émoulus de la plaine Monceau inspectent soigneusement la place rose et grise (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 114). J'ai vu dans le clergé américain des garçons frais émoulus de leurs séminaires (GREEN, Journal, 1946, p. 14) :• 2. ... Montherlant fait penser à ces grimauds frais émoulus du collège, encore tout farcis d'une science purement livresque et mal digérée, et qui vous éberluent de mille citations trop neuves en leur mémoire.PAULHAN, Les Fleurs de Tarbes, 1941, p. 203.— P. anal. [En parlant d'une chose] Le courrier multicolore, radieux et bête comme un oiseau des îles, tout frais émoulu des enveloppes marquées de noir par le baiser de la poste (PONGE, Parti pris, 1942, p. 48).Prononc. et Orth. :[emuly]. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. :23.émoulu, ue [emuly] adj.ÉTYM. Déb. XIIe; p. p. de émoudre.❖1 Vx. Qui est bien aiguisé. || Lame émoulue.♦ ☑ Loc. (littér.). Se battre à fer émoulu : combattre dans un tournoi avec des armes affilées, contrairement à l'usage ordinaire suivant lequel les armes étaient émoussées et rabattues.1 Ce pas d'armes n'était pas dangereux; on n'y combattait pas à fer émoulu.Voltaire, Essai sur les mœurs, XCIX.2 ☑ (Av. 1615). Fig. et cour. Être frais, fraîche émoulu(e) de : être fraîchement, récemment sorti de… || Jeune fille fraîche émoulue du collège. || Ingénieur frais émoulu de l'école. || Il est frais émoulu de sa province (→ Dégourdir, cit. 4).2 — Vous avez beau raisonner : Monsieur est frais émoulu du collège, et il vous donnera toujours votre reste.Molière, le Malade imaginaire, II, 6.
Encyclopédie Universelle. 2012.